Me voici tel que tel, trois quarts de siècles dans la peau ou du moins ce qu'il en reste;

Reflets d'autant de quotidiens que de micro options lesquelles je n'ai jamais pu refuser, sachant que chacune d'elles allait modifier le point de vue du moment et qu'à force d'accepter les micro changements, j'en viendrais à apprendre le comment faire pour pouvoir passer d'un point de vue en un autre, sans pour autant jamais en adopter un, m'y emprisonner ne serait-ce que l'instant d'une vie;

Car pour moi, une vie est tout juste un trait dans le sablier de l'espace humain, une micro continuité, une intersection permettant au hasard d'y faire passer le fruit d'une curiosité intuitive, sans jamais pour autant en questionner le contenu;

Car pour moi, le sens d'une vie, c'est le sentiment du passage d'entités intouchables parce que d'un autre temps, espace ou présent, vers un ailleurs tout aussi imperceptible;

Vivre, c'est apprendre à laisser passer en son présent, d'autres présences, fugaces et odoriférantes.